dimanche 22 février 2009

quelle est votre definition de

"home sweet home"? Et serait-elle identique si vous habitiez dans un bidonville avec pour seule et unique vue depuis la seule et unique fenetre de votre maison la decharge municipale?
Que penseriez vous si, en vous promenant dans ce quartier, vous voyiez des enfants a moitie nu, sales, collecter le plastic de la decharge afin de le revendre aux commercants du coin pour quelques roupies?
Ces enfants sont nommes "ragpickers" et ils sont les enfants du slum dont les conditions sanitaires sont les plus catastrophiques de Bombay, voire d Asie, (le slum de la decharge de Manille, c est du pipi de minet, a ce qu il parait) compte tenu de son emplacement: c est le bidonville de Govandi, bati sur une decharge qui fait aujourd hui plus de 100km2. Ces ont pour terrain de jeux et pour source de revenu cette enorme decharge qui grossit jour apres jour sous les yeux des habitants et le flux des centaines de camion poubelle venus decharger leurs ordures.
Nous nous y sommes allees mercredi avec une membre de l'ONG Pratham. Chargee de nous faire visiter le centre communautaire et le centre de loisirs de la region, elle a juge que Govandi etait le meilleur exemple d un des terrains d intervention de l'ONG. C est une experience violente ... c'est la realite de Bombay... franchement, c est dur ... j etais dans une autre dimension. J ai cru m evanouir deux ou trois fois. Il y a des choses qui me depassent completement, et cela en fait totalement partie. L odeur etait insuportable, entre la fermentation des dechets, la fumee qui se degage des montagnes d ordures, les mouches par millier, la temperature ambiante, l eau qui stagne ... bref...
Pratham est une ONG puissante et reconnue qui se bat pour l universalisation de l ecole. Un de ses programmes vise a 1) demanteler les reseaux d embauche d'enfants 2) travailler avec les communautes + familles pour les sensibiliser a la necessite de scolariser leurs enfants 3) creer un reseau fort pour agir au niveau local 4) organiser des ecoles, engager et former des enseignants 5) scolariser les enfants et organiser leur retour dans leur famille ou les placer en foyer d accueil si orphelins ou destitues. Les enfants concernes sont donc des enfants pauvres, recrutes dans les bidonvilles ou dans les etats pauvres de l Inde (Bihar - Uttar Pradesh) par des rabatteurs pour etre vendus a Bombay a des employeurs. C est ce programme que nous avons suivi durant quelques jours ... nos differentes visites nous ont donne beaucoup a penser, nous ont revoltees, rassurees et encouragees a d autres.
Difficile de se confronter a cette realite et d’avoir un regard objectif sur la situation. On se demande ce que fout le gouvernement. Et justement, pour interdire les photos, controler notre identite car cela les derange que l on se ballade dans ce bidonville aux abords de la decharge (Une photo d enfant jouant sur un tas d ordure peut elle causer des torts a certaines personnes?), ils sont la. Et pour mettre en place un programme permettant au departement de la gestion des desastres (quelle ironie) de filer par GPS les camions poubelles afin de controler si ils ont bien completer leur tournee (100 roupies d'amende au chauffeur qui aurait oublie une poubelle), ils sont la. Et pour peser les camions poubelles a l entree de la decharge dans le but de controler qu ils transportent le bon poids de dechets, ils sont la aussi.
Mais pour trier, recycler, ameliorer les conditions sanitaires de la ville, empecher que tous les dechets ne soient jetes par terre et obstruent les bouches d egouts, les rivieres, etc., afin d eviter que la ville ne soit inondee en moins de temps qu il ne faut pour le dire, cloturer la decharge afin que les enfants et leur famille ne puissent plus aller y jouer ou y gagner leur vie ... alors la, il n y a plus personne. Bref! Ce qui se passe ici est juste ahurissant.
Honnetement, c’est une des nombreuses situations ici qui enerve et fait grincer des dents. On a pu en discuter après avec Christine, notre responsable et je lui ai fait part franchement de mes reflexions, a commencer par :
- Pourquoi eduquer ces enfants alors qu il n’y a aucune perspective d avenir pour eux?
- Comment convaincre enfants, familles et commuautes que l’ecole et l’education c est mieux?
- Comment faire passer le message d’un changement de mentalite necessaire a l amelioration de la condition des pauvres?
Elle adhere a chacune de mes questions et commence par me dire qu’il faut bien commencer a qqpart. Et c est cette porte la, donc celle de l education, que Pratham a choisi de pousser. Elle m explique qu’effectivement, les enfants de Govandi sont un exemple parfait du paradoxe indien. Ces gamins peuvent gagner entre 150.- et 350.- rps par jour, voire 5000.—rps par mois (~140.- chf par mois) alors qu’une enseignante recoit un salaire de 2000.- rps par mois (57.- chf). Les enfants en arrivent meme a convaincre les enseignants d’arreter les cours et de les rejoindre dans la decharge.Ces gosses vivent de cette decharge, s’y nourrissent aussi! Ils sont experts dans l’art de trier la nourriture : ils ramassent fruits, chips, chocolat. Ils savent pertinemment ce qui est bon a manger et ce qui ne l’est pas. Ils viennent aussi te dire que toi tu tomberais malade si tu les immitais mais qu’eux sont habitués! Ils ont developpe une intelligence pratique, un sens de la debrouille hors du commun … A peine nes qu’ils ont déjà ete presentes au Dieu Cresus … Donc comment leur “vendre” l’ecole?
Nous avons eu l’opportunite de visiter trois shelter (foyer d’accueil) et Christine nous demande si nous avons remarque la difference dans l’attitude des gamins qui y sont places. Effectivement, ce sont des enfants qui menent une vraie vie d’enfants et apprennent en plus a lire et a ecrire. Car tous les enfants ont le droit d’apprendre a lire, a ecrire et ont le droit d’etre des enfants!

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