samedi 25 avril 2009

Ôm Namah Shivaya

Ashram, tout le monde a entendu un jour ou l’autre parlé des Ashram indiens. Mais combien d’entre nous savaient exactement de quoi il s’agit avant d’en avoir fait l’expérience ? Le terme ashram désigne littéralement un « lieu d’effort » dans l’enceinte duquel un gourou dispense son enseignement. Chaque ashram est dédié à Dieu ou un guide spirituel. Les ashrams sont donc des lieux plus ou moins saints, selon la réputation, et offre gîte et nourriture contre une tâche caritative donnée par l’ashram et/ou un don d’argent. Les ashrams proposent tous des séances de méditation (quasi obligatoire suivant le lieu) et parfois des séances de yoga. A peu près tous appliquent le même règlement stricte : pas d’alcool, de tabac, de boisson noires (café, thé, coca cola, etc.), de poisson, de viande, d’œuf, de piment, d’oignon et d’ail (régime svattik).
Ayant débuté le yoga en Suisse depuis quelques années et ayant trouvé beaucoup de bénéficies dans sa pratique, j’ai décidé de tenter l’expérience en Inde et m’inscrire pour une retraite yogique de 8 jours dans un Ashram de la région. L’expérience est troublante mais très positive au final.
J’ai choisi le Sivandanda Yoga Vedanta Dhanwantari Ashram réputé pour ses cours de hata yoga et actuellement dirigé par un swami sud africain. Le centre a d’ailleurs déployé ses tentacules un peu partout dans le monde puisqu’il compte des centres en France, en Suisse, au Canada et aux USA (chose que je ne savais pas avant). L’ashram est magnifique, perdu au milieu d’une forêt tropicale et situé sur une colline laquelle surplombe le lac créé par le barrage de Neyyar.
Le 1er jour m’a laissé perplexe lorsque j’ai pour la première fois expérimenté le programme quotidien auquel on était obligé de participer. Il démarre à 6heures du matin par 1.5heure de méditation, de chants et de prière (dédiées principalement à la trinité indienne). A 7h30, c’est l’heure du thé et à 8h débutent les cours de yoga. A 10h brunch et à 11h « karma yoga », consistant en tâches d’entretien de l’Ashram (j’ai eu l’honneur de soigner mon ego en nettoyant les toilettes des dortoirs des filles). De 12h à 13h30 nous avions du temps de libre (consacré la plupart du temps à une sieste) puis à 13h30, c’était l’heure de l’afternoon herbal tea.
À 14h le Swami de l’Ashram (maître spirituel) distille ses enseignements lumineux, puis à 15h30 à nouveau classe de yoga. 18h souper, et entre 18h30 et 19h30 une vague d’allemands, anglais, australiens, américains, suisses, etc. déferle en direction de la petite cantine (health hut) de l’Ashram pour boire milkshake à la banane, manger des toast, des plats de fruits ou des cacahuètes afin de caler des estomacs qui crient famine ou qui en ont simplement marre de manger toujours les mêmes plats. A 20h, nouvelle heure et demi de satsang, soit méditation, chants et prières. A 22heures, tout le monde va se coucher car épuisé.

En pratique, le yoga n’est pas considéré comme un sport. L’occident l’a donc détourné de son chemin initial. La pratique du hata yoga (assanas ou postures) ne vise qu’à assouplir son corps afin de pouvoir méditer plus confortablement, aider à la détoxification du corps et de l’esprit. La détoxification s’opère notamment au travers du régime alimentaire svattik, aux exercices de respiration et aux nettoyages quotidiens des fosses nasales (ca, c’est un super moment… 20 débutants penchés la tête en avant dans le gazon à couler de l’eau dans leurs narines au moyen d’un mini arrosoir et s’en mettre partout. La deuxième étape consiste à insérer un fil de plastique dans une narine et le faire ressortir par la bouche, nettoyage suprême parait-il. Tout le monde s’est retrouvé les doigts au fond de la gorge pour attraper le maudit fil qui refusait de se laisser prendre et beaucoup on fini par vomir … ). Elle se fait également au travers des enseignements du Swami, du selfless service (service désintéressé ou karma yoga). Le but est d’atteindre la purification absolue. Cela ressemble à de l’endoctrinement, et ca l’est sûrement en partie, mais à aucun moment nous n’avons été obligé d’adhérer à des idées qui n’étaient pas les nôtres. Mon esprit a d’ailleurs fait beaucoup de résistance. C’est un choix de vie, une opportunité de s’interroger quotidiennement sur le sens que l’on donne à sa vie, mais surtout de questionner notre rapport à la mort je crois. Cette partie est finalement celle que j’ai choisi de laisser de côté … Un esprit sain dans un corps sain en revanche est un des aspects que j’ai le plus apprécié.

Ca peut paraître étrange mais pour moi qui vit avec un émotionnel envahissant (et pars régulièrement en apnée) ce genre d’expérience est salutaire. C’est une prise de conscience de soi. Après 3 jours j’ai déjà commencé à me sentir plus calme et l’esprit plus clair, même si mon corps souffrait. Plus aucun désir (très positif pour les adeptes, un peu moins pour les non adeptes) ni aucune pensée négative. C’est agréable d’un coté et d’un autre c’est effrayant car les principes de l’hygiène de vie irréprochable sensés conduire au plus proche de Dieu, du salut absolu, accéder l’immortalité, échapper au cycle des réincarnations sont drastiques …L’Etre humain est décidément fascinant. Pour ma part, je suis mortelle, n’ai conscience que d’une vie et compte bien en profiter.

Comme dans tout ce que l’on fait, il y a des choses à prendre et d’autres à laisser. Je ne parviendrais pas à me soumettre totalement à la vie méditative et à la quête spirituelle. Mais étrangement, on se laisserait quand meme prendre au jeu. C’est traître ! D’ailleurs beaucoup des membres du staff ne sont jamais repartis. Je ne suis ni staff ni convertie, et ai quitté les lieux le 23 à midi. Je repars enrichie d’une expérience déroutante, et revitalisée après un break nécessaire.

Je suis de retour pour quelques jours à St-Joseph, le temps de remplir mon sac à dos qui se stretch de bonheur à l’idée de repartir sur la route. Je pars lundi 27 au Tamil Nadu, ou je vais rencontrer la famille Gouy-Chappuis, fondatrice de St-Joseph. Ensuite, j’irai visiter Hampi et ses fascinantes ruines, le temps que Madame la Présidente me rejoigne puisqu’elle a dû repousser son arrivée en terre magique… mais il me semble que je me répète … tant pis, et pour la suite … Inshallah !

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